21.3.09

Un projet de loi "pour le renouveau de la culture française à l'étranger" : bientôt un "smart power" à la française ?


Indéniablement, le rythme de la réorganisation de l'action culturelle extérieure de la France vient de prendre un nouveau tempo. Déjà accentué au début de l'année 2009 par les déclarations du ministre des Affaires Étrangères et par voix de presse, le dépôt, le 10 mars dernier, d'un projet de loi par le sénateur Adrien Gouteyron vient couronner le processus médiatico-politique.

L'essentiel de ce projet de loi consiste à élever l'association CulturesFrance au rang d'agence interministérielle, comme l'annonce l'exposé des motifs du projet de loi :

"Mener une politique ambitieuse suppose un maître d'oeuvre compétent : une agence interministérielle pour le rayonnement international de la culture et de la langue françaises, issue de l'association CulturesFrance, doit être créée. Elle a vocation à assurer la présence à l'étranger de l'architecture, des arts de la scène, des arts visuels, du cinéma, de l'écrit, de l'ingénierie culturelle, de la musique de notre pays par une action « hors les murs », s'appuyant sur des partenaires locaux, publics ou privés. Elle doit disposer de bureaux culturels et linguistiques à l'étranger, dénommés « Instituts CulturesFrance », qui feraient partie des missions diplomatiques. Elle a donc vocation à intégrer en son sein le réseau culturel actuel, centres culturels et conseillers culturels. C'est à cette condition que l'agence pourra prendre en compte les spécificités de chaque pays, exprimées par ses bureaux déconcentrés, et que le réseau culturel à l'étranger pourra bénéficier des partenariats conclus par l'agence avec les opérateurs français de la création et de la diffusion culturelles. L'agence doit être financée par des dotations de l'État, par des ressources de mécénat et le produit des cours de langues et des examens assurées par ses Instituts CulturesFrance. Elle doit enfin assurer une politique de formation ambitieuse de ses personnels pour professionnaliser le métier de « conseiller culturel ".

Reste que la transformation effective et l'élargissement de son périmètre d'autorité de CulturesFrance suscitent quelques remous, et sans doute quelques jalousies, concentrés sur la personne de son actuel directeur Olivier Poivre d'Arvor. Un article récent de Libération n'hésitant pas à parler de "feu croisé" à son encontre.

A l'interne des services, le groupe des "Résolus (pseudonyme d’un groupe d’agents du Réseau culturel en colère)", courageusement anonyme, se fait entendre pour dénoncer le dénigrement du réseau culturel français par les sphères parisiennes et la trahison supposée du directeur de CulturesFrance, coupable d'avoir rejoint le camp du ministre des Affaires Étrangères et des adeptes de la remise à plat de toute la politiques culturelle extérieure.

Rendez vous donc le 25 mars, pour mesurer les intentions politiques réelles à l'occasion de la conférence de presse sur la modernisation du ministère des Affaires étrangères et européennes


A lire : Deux tribunes dans la presse sur l'avenir de la diplomatie culturelle de la France

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