Il est rare qu'un membre du corps diplomatique fasse parler de lui, il est encore plus rare qu'une Excellence s'aventure dans les tréfonds des banlieues françaises. Quand cela devient une habitude, peut-on parler de stratégie diplomatique ?
Depuis sa récente nomination, il y a un peu plus d'un an, Charles H. Rivkin, a en effet multiplié les visites personnelles en banlieue parisienne. Ce fringuant quadra au profil atypique, présente la double particularité d'être issu d'une lignée de diplomates (son père fut ambassadeur sous Kennedy et Johnson) et en même temps un des pontes de l'entertainement américain. Diplômé de Yale et Harvard, ancien stagiaire chez Renault, analyste chez Salomon Brothers, il a gravi les marches de l'industrie culturelle et médiatique d'outre atlantique pour occuper, avant sa nomination à Paris, la tête des sociétés de production Wildbrain et The Jim Henson Company du groupe Disney.
L'arrivée de ce "bébé diplomate", qui a dirigé la maison de production du Muppet show, a été saluée avec retenue et commisération par l'aristocratie diplomatique du Quai d'Orsay.
Alors que le ministère des affaires étrangères, avec les trémolos de la diversité culturelle dans la voix, se débat dans une improbable réforme de la diplomatie culturelle française, Charles H. Rivkin, lui, arpente les quartiers. Et il n'arrive pas les mains vides mais accompagné tout dernièrement à Bondy de la star Samuel L. Jackson (Pulp Fiction, Jacky Brown...).
L'objectif est très clair : faire miroiter le rêve américain en transposant la situation raciale américaine aux banlieues françaises. Extraits : "Lorsque j'étais enfant, il y avait la ségrégation. J'ai toujours pensé que j'étais un citoyen de seconde zone. Je ne pensais pas que je deviendrais un jour la personne que je suis aujourd'hui. Mais mes parents ont cru très fort en moi et m'ont donné une bonne éducation.".
Outre la dynamique d'influence que l'Ambassadeur américain déploie à destination des leaders associatifs, créatifs et politiques de banlieues (voyage aux USA, invitations VIP à l'ambassade...), il était à la Courneuve le 4 avril à l'occasion d'une représentation d'une comédie musicale, le rapport qu'en fait Bondy Blog est éloquent, Charles H. Rivkin joue sur du billard quand il dialogue avec les jeunes des cités sur le thème "Pour nous, il n'y a pas de frontière entre Paris et sa banlieue. Elle est imaginaire".
Décidément, une conception de la diplomatie culturelle forte intéressante. Qu'en pense M. l'Ambassadeur de France à Washington ?
A signaler sur ce sujet :
Culture : pourquoi la France va perdre la bataille du "soft power" de Frédéric Martel sur Terra Nova et son dernier livre Mainstream, enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire