11.10.08

Un nouveau rapport du Sénat se penche sur la diplomatie culturelle française


Après le rapport de juillet 2008 sur l'audiovisuel extérieur français, c'est au tour de la commission des finances du Sénat de se pencher sur le bilan des Services culturels français à l'étranger.

Ce nouveau rapport sur l'action culturelle extérieure, dont on hésite une nouvelle fois à égrainer la litanie (Péricard 1987, Decaux 1989, Balle 1996, Cour des comptes 2002, Sénat 2004), n'échappe pas aux limites du genre.

Ignorant d'ailleurs celui de l'Assemblée nationale sur l'audiovisuel extérieur, ce rapport n'aborde que de façon périphérique la question internet, ne compare pas notre système avec ceux qui émergent, notamment celui de la Chine, et remet en exergue ce qui est déjà connu depuis vingt ans (démesure et émiettement du système français, vestige de la "Grande Nation", absence quasi totale d'indicateurs sur son efficacité, chasse gardée du Ministère des Affaires Etrangères...).

Coté proposition, le rapport insiste sur la nécessité de mettre un terme au "Yalta" entre ministères des affaires étrangères et de la culture : "au ministère de la culture, la culture en France ; au ministère des affaires étrangères, la culture à l’étranger". A quand la chute du mur de Berlin dans ce domaine ! Le modèle du centre culturel est, avec raison, aussi remis en cause mais sans réelle alternative.

En tout état de cause, ce rapport - qui certes a pour objet l'analyse de l'engagement des deniers publics - est une bonne illustration de la tradition interventionniste de l'Etat dans le domaine du rayonnement culturel, entendu comme un attribut régalien duquel société civile et monde économique sont tenus soigneusement à l'écart.

Malgré quelques allusions (Chap. 2, I), les concepts et outils du "soft power" sont encore loin des grilles d'analyse des parlementaires, et le modèle de la culture française sensée illuminer l'humanité par son quadrillage mondial de "centres" n'est toujours pas fondamentalement remis en cause au profit d'une approche de réseau non bureaucratique et de partenariats public/privé.

L'intelligence économique a pu s'organiser autour d'une équipe resserrée pilotée par un haut responsable dépendant des services du premier ministre. Pour quoi ne pas appliquer cette méthode au concept d'intelligence culturelle ?

1 commentaire:

Boris Compagnon a dit…

Je crois qu'il est trop simpliste d'opposer le modèle du réseau culturel français actuel qui serait figé dans ses murs et aveugles par rapport aux logiques du marché, avec l'apparition d'un Soft Power échappant aux structures bureaucratiques et qui associerait mieux le privé.

PLusieurs raisons à cela :

D'abord parce que les centres et instituts culturels français auto financent en partie leurs activités :

97% des sections linguistiques de ces instituts et centres sont autofinancées à l'heure actuelle (Cf par exemple le rapport de la sénatrice Monique Cerisier Ben Guiga sur le programme 185, rayonnement culturel)

Ensuite parce que toute la politique actuelle du MAE est justement de pousser au partenariat publics privés avec notamment les institutions partenaires.

Enfin, parce que le pilotage du Soft power de demain, devrait s'appuyer sur des structures étatiques de type opérateurs, pour fonctionner et jouer de son influence auprès des industries culturelles.

Rappelons que ces structures existent déja : le Bureau export de la musique française par exemple. Ou Culturefrance, dans une certaine mesure.

Je suis séduit par le terme de Soft Power, mais j'en vois mal les contours précis pour l'heure. Il ne me semble pas être en tout cas la révolution que vous semblez annoncer...s'il se résume à un énième désengagement de l'Etat dans le domaine culturel...