22.7.10

Le storytelling au secours du vide culturel de Facebook et Youtube


Au delà des discours dithyrambiques et triomphalistes sur les plateformes de contenus video comme Youtube ou basées sur "l'appariement" comme Facebook, une question sourde taraude les stratèges de ces empires : notre modèle n'est-il pas un exemple typique du syndrome du tigre de papier ?
Dores et déjà quelques signes de saturation apparaissent notamment pour Facebook sur le marché américain, dont il faut se souvenir que 2009 fut la première et seule année où le seuil de rentabilité fut atteint. Quant à Youtube, Google, son propriétaire, reste confiant dans "l'hypothèse" d'atteindre "prochainement" le fatidique seuil de rentabilité. Rien de très engageant sur le long terme pour d'éventuels investisseurs...

En effet, ces deux plateformes se heurtent à la fausse bonne idée de laisser entièrement l'alimentation en contenu entre les mains de tiers, c'est à dire les internautes ayant gratuitement accès aux dites plateformes. L'idée qui pourrait paraître géniale, dans le principe, de déporter la construction de gigantesque bases de données multi-dimentionnelle construites gratuitement par les usagers et revendables à des annonceurs avec une qualité de ciblage exceptionnelle se heurte à la triste réalité de la qualité du contenu culturel produit. Or le principe initial s'effondre d'un coup si la plateforme, passés les premiers engouements, ne parvient pas à favoriser la qualité intrinsèque du contenu culturel produit. Il y a fort à parier que l'audience - cruciale pour le modèle économique - s'évapore aussi vite voir plus qu'elle ne s'est construite.

Ce scénario est déjà arrivé au début des années 80 pour l'industrie du jeu video, alors dominée par Atari. La firme avait laissé la porte ouverte sans aucun contrôle à des développeurs tiers. Cette erreur de stratégie entraina l'inondation du marché par des jeux de piètre qualité qui déboussolèrent et déçurent les consommateurs qui s'étaient précipités sur les consoles. Cet épisode fut fatal à Atari, mais en 1989 Nintendo retint la leçon en lançant sa console (plateforme) drastiquement verrouillée en établissant un contrôle précis sur le développement externe des jeux.

Les deux colosses aux talons d'argile, dont il faut reconnaître, le degré très faible de qualité des contenus, tentent presque simultanément de corriger cette tendance en lançant plusieurs programmes basés sur le storytelling collaboratif des internautes. En effet, Mark Zuckerberg patron de Facebook s'apprête à lancer une application appelée Facebook Stories ayant pour but d'inciter les membres à raconter une histoire sur un principe simplissime : partager avec les autres membres du réseau une "belle histoire" liée à Facebook. Youtube pour sa part, lance une opération inédite de co-réalisation de film plantéaire sous la houlette du réalisateur Ridley Scott et du monteur Kevin Macdonald. Le principe du projet "La vie en un jour" ("Life in a Day") : inviter des internautes à filmer leur journée du 24 juillet 2010 et à la mettre en ligne sur le site de partage de vidéos, le tout réécrit par le duo hollywoodien et diffusé au festival de Sundance en Janvier 2011. Les vingt meilleurs contributeurs se verront décerner le titre de co-réalisateur.

Cet art ancestral de raconter des histoires sera-t-il suffisant pour ré enchanter le pouvoir de séduction de Facebook et Youtube par l'émotion des récits ? A court terme, il contribue au moins à enrôler gratuitement les utilisateurs dans le marketing des plateformes !

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