14.7.10

France-Arabie saoudite : les limites de la diplomatie culturelle


Les commentateurs de ce 14 juillet soulignent l'absence brutale du Roi d'Arabie saoudite Abdallah 1er annoncé il y a peu comme invité d'honneur. Si les raisons de cette annulation semblent complexes, la situation souligne les limites de la diplomatie culturelle néanmoins déployée ces derniers mois par la France.
En effet, un des moments clés de cette visite devait être l'inauguration de l'exposition "Routes d'Arabie - Archéologie et histoire du royaume d'Arabie saoudite" au Louvre, qui bénéficie du soutien de la Fondation Total et d’Al Rubaiyat.avec en perspective l'ouverture du département des Arts de L'Islam actuellement en travaux dans la cour Visconti aux pieds de la Joconde, financé par Son Altesse Royale le Prince Alwaleed Bin Talal Bin Abdulaziz Al Saud, neveu du Roi et, par ailleurs, propriétaire unique du groupe de médias Rotana.
En Arabie saoudite, la France n'a pas ménagé ses efforts sur le plan de la diplomatie culturelle comme invité d'honneur et seul pays occidental à participer au récent Festival National de la Culture et des Traditions de Janadriyah, près de Ryad, initiative ancienne et personnelle de l'actuel Roi d'Arabie saoudite. La présence personnelle du Ministre français de la culture, l'indulgence diplomatique pour une manifestation culturelle qui n'a autorisé que depuis 2009 la mixité même familiale et, semble-t-il, la participation financière de mécènes français de l'armement et de l'énergie n'ont pas eu les effets politiques escomptés par la France.
Par ailleurs, à l'instar des émirats du Golfe, l'Arabie saoudite, à son plus haut niveau, semble chercher à diversifier son économie dramatiquement dépendante du pétrole, en essayant de timides ouvertures pour l'industrie du tourisme, cependant abhorrée par les autorités religieuses. Quelques commentateurs croient pouvoir déceler dans les jeux de cour complexes du Royaume une tentative de brider quelque peu le zèle de la police religieuse, la célèbre Moutawa, à l'endroit des touristes et des ressortissants saoudiens dans le cadre de manifestations culturelles du type du Festival National de la Culture et des Traditions.
Mais les lourds dossiers économiques du TGV et de la sécurisation des frontières, la visite récente du Ministre français de la défense émaillée de fuite dans la presse de propos peu amènes que le Roi aurait tenus à propos de l'Iran et d'Israël ont eu raison des signaux diplomatico-culturels. Le pot de fer contre le pot de terre, le hard power contre le soft power...

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